Cette expérience a été réalisée
chez l'espèce Brachypelma albopilosa.
Un mâle de cette espèce, ayant été
crocheté à mort par une femelle lors d'une tentative
d'accouplement, se voit prélevé ses bulbes copulateurs
par l'expérimentateur. Ils sont placés dans
de l'azote liquide (à -196 °C).
Environ un mois et demi plus tard, une femelle dépose
un cocon nerveux, fait rarissime chez cette espèce.
Avant que la ponte ne soit emballée pour former le
cocon (ie au stade où les ufs frais pondus et
enrobés dans la sécrétion de ponte forment
une masse jaunâtre), 35 ovules sont prélevés
et placés dans un verre de montre.
Parallèlement, les bulbes copulateurs du mâle
sont sortis de leur environnement réfrigérant
et incisés sous loupe binoculaire. Leur contenu est
aspiré au moyen d'une aiguille à insuline montée
sur une seringue de contenance 1 mL, puis dilué environ
à volume égal dans du sérum physiologique.
Les ovules sont arrosés avec précaution sous
la loupe à l'aide de cette solution (de volume environ
0,05 mL). Ils sont ensuite placés sur de la laine de
perlon humidifiée au sérum physiologique, dans
une boîte de Pétri munie d'un couvercle percé
de quelques trous, le tout dans un environnement favorable
(ie à température adéquate, 26-28 °C).
Les " ufs " sont remués 2 fois par
jour pendant 4 semaines, puis cette manuvre est suspendue.
Certains ufs éclosent à 7 semaines. A
10 semaines, les juvéniles au stade de nymphe peuvent
se déplacer.
Bilan de cette expérience :
Sur 35 ovules fécondés de manière différée
peu après la ponte, on a pu observer 24 cas de développement
embryonnaire, et 6 mygalons parfaitement viables ont été
obtenus.
Le " rendement " de cette expérience de
fécondation différée est faible : 6 juvéniles
viables sont obtenus sur 35 ovules manipulés. Proportionnellement,
nous pensons que ce taux peut être difficilement dépassé
(au pourcentage d'échec de la fécondation différée
s'ajoute celui de l'incubation artificielle pratiquée
dès la ponte, estimé à environ 50 % de
pertes, cf. développement à ce sujet).
D'autre part, en valeur absolue, il n'est guère possible
de pratiquer une fécondation différée
sur un nombre bien plus élevé d'ovules, le facteur
limitant étant le faible volume de semence mâle.
Cette expérience démontre par ailleurs que
la semence du mâle peut être congelée.
Elle le fut dans le cas présent à l'intérieur
même des bulbes copulateurs, milieu de conservation
" idéal ".
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